Des poissons-clowns introuvables dans le commerce : pourquoi ?

Certains poissons-clowns ne sont jamais en vente... Explications!

Une question revient de temps en temps par rapport aux rêves de maintenance de quelques aquariophiles : pourquoi est-ce que je ne trouve pas CE poisson-clown dans le commerce? Les réponses sont aussi variées que surprenantes pour certaines d'entre-elles.

Voici donc les poissons-clowns que vous ne trouverez pas dans le commerce et pourquoi. Ceux-ci sont au nombre de 9 : A. chagosensis, A. chrysogaster, A. fuscocaudatus, A. latifasciatus, A. leucokranos, A. mccullochi, A. omanensis, A. thiellei, A. tricinctus.

Mise à jour 2012 : on doit constater que le marché américain et certaines sociétés spécialisées comme "ORA" font des efforts et certains spécimens des espèces citées ici deviennent sporadiquement disponibles. Toutefois, un bémol s'impose, ces quelques poissons-clowns sont vendus à prix d'or, car chaque le prix du poisson-clown est d'environ 300 à 450 €/poisson! Les premiers exemplaires ont même atteint la somme de 1000 €/poisson-clown. De plus, aucun de ces rares spécimens ne semble avoir été vendu en Europe, tous ont été destinés aux marchés asiatique et américain.

Amphiprion chagosensis

Amphiprion chagosensis Avant d'être observé en 1997 au nord de la Mer Rouge, ce poisson-clown est initialement endémique de l'archipel de Chagos, d'où son taxon de Amphiprion chagosensis. Chagos se situe en plein milieu de l'Océan Indien uniquement accessible par bateau. Mais cet archipel est une zone militarisée très contrôlée... En effet, des missions militaires volent en direction du Moyen-Orient en décollant de l'île de Diego Garcia située dans l'archipel. Du coup, hormis quelques rares missions scientifiques, l'accès à l'archipel est strictement interdit aux civils. Toutefois, depuis que Amphiprion chagosensis a été observé vers Sharm-el-Sheikh en Mer Rouge, sous une morphe plus foncée (vraisemblablement à cause de la composition de la nourriture), il faudra suivre l'évolution et les possibles confusions d'import avec Amphiprion bicinctus. Affaire à suivre...

Selon une source personnelle (un célèbre plongeur récemment décédé en 2011), les spécimens de Mer Rouge occuperaient l'anémone de mer Entacmea quadricolor tandis que les poissons de Chagos occupent (on est certain de l'association depuis 2007) avec H. magnifica.

Amphiprion chrysogaster

Amphiprion chrysogaster Amphiprion chrysogaster est vraiment rarement collecté. Endémique des Mascareignes, essentiellement depuis l'île Maurice, il est de plus en plus observé vers l'île de la Réunion, mais comme il y a très peu d'équipements sur l'île Maurice pour une activité aquariophile, il est difficile d'organiser une collecte continue à grande échelle. Du coup, et hormis une amélioration des moyens techniques, ce poisson ne sera pas disponible dans les bacs de vente de votre revendeur habituel. Cela n'a quand même rien à voir avec les collectes de poissons comme d'eau douce comme un Corydoras panda.

Amphiprion fuscocaudatus

Amphiprion fuscocaudatus L'espèce Amphiprion fuscocaudatus est endémique des Seychelles et du groupe d'îles d'Aldabra, près de la côte Est africaine. Les autorités seychelloises interdisent les prélèvements commerciaux! Seules les captures à des fins scientifiques sont tolérées. Aldabra, considéré par certains comme les Galápagos de l'Océan Indien, est un emplacement protégé par les Nations Unies (site classé au patrimoine mondial) et est également contrôlé par une fondation aux Seychelles (SIF, Seychelles Islands Foundation). Cet atoll est virtuellement hors limites pour les visiteurs à moins de disposer d'une permission spéciale du SIF. Finalement, ce sont deux organisations semi-gouvernementales qui protègent ces sites et empêchent les prélèvements. Du coup, il est impossible de voir un spécimen dans un magasin.

Amphiprion latifasciatus

Amphiprion latifasciatus Ce poisson-clown de l'espèce Amphiprion latifasciatus est exceptionnellement importé, mais sous l'appellation erronée d'Amphiprion clarkii en phase sub-adulte... Ceci crée évidemment une confusion au niveau des grossistes. Ces poissons pourraient provenir des îles Comoriennes mais il faudrait plutôt suspecter un arrivage en provenance du Kenya dans ce cas. Il n'existe pas de raison particulière à la non-importation de ce poisson au même titre qu'Amphiprion allardi via les collecteurs kenyans qui exportent déjà A. allardi. Encore une affaire à suivre...

Amphiprion leucokranos

Amphiprion leucokranos Le "clown à bonnet blanc" de l'espèce Amphiprion leucokranos est trouvable, mais avec de la patience. Ainsi, on arrive à se le procurer en attendant un an ou plus. En fait, le problème réside dans son identification en tant qu'espèce bien séparée et distincte des autres! Du coup vous pouvez obtenir ce poisson par coup de chance, sans l'avoir demandé, suite à une erreur au niveau des collecteurs ou des grossistes. L'identification, surtout en phase juvénile ou sub-adulte, est un facteur dont il faut tenir compte dans l'obtention d'une espèce précise.

Note : depuis 2012, cette espèce est distribuée assez régulièrement par des éleveurs spécialisés comme la société "ORA", mais le prix poisson-clown = 450 €.

Amphiprion mccullochi

Amphiprion mccullochi Mise à jour du 18/02/2012 : un élevage de l'espèce Amphiprion mccullochi est commencé par l'entreprise "ORA". Nous laissons le texte initial à des fins historiques et aquariologiques. On ne trouve pas Amphiprion mccullochi aux abords de l'île de Norfolk, comme il est souvent dit, ni aux mêmes lieux (pourtant si proches) qu'Amphiprion latezonatus et avec lequel il est facile de le confondre en phase sub-adulte. On trouve Amphiprion mccullochi uniquement autour de l'île de Lord Howe qui est classée au Patrimoine Mondial Naturel des Nations Unies. Considéré comme un lieu d'héritage du monde, on interdit strictement toute exploitation commerciale (et touristique) de cet ensemble d'îlots. Les permis de visites à des fins scientifiques sont seulement délivrés par le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud et de l'île de Lord Howe.

Amphiprion omanensis

Amphiprion omanensis Le sultan d'Oman n'est pas particulièrement enthousiaste à l'idée de voir des personnes, en particulier occidentales, venir dans son pays et exploiter ses animaux... Et, puisque ce poisson est endémique des eaux territoriales du Sultanat d'Oman, il est sage d'oublier la possibilité d'admirer Amphiprion omanensis dans votre aquarium. Les expéditions scientifiques sont tolérées, mais point trop n'en faut, et les collectes ou autres prélèvements d'animaux sont interdits.

Début 2012, le site ReefBuilders fait état d'une reproduction dans un laboratoire de recherche spécialisé aux Etats-Unis suite à des spécimens recueillis au Sud de la péninsule d'Arabie, au Nord d'Oman.

Amphiprion thiellei

Amphiprion thiellei Ce poisson-clown Amphiprion thiellei, nommé en l'honneur de Michael Thielle (et non d'Albert Thiel comme certains le pensent), a été décrit par le Dr Warren Burgess. Pour la petite histoire, il est souvent écrit que la description de cette espèce récente a été basée sur deux holotypes obtenus à partir d'un magasin aquariophile. Cette information très répandue dans la littérature "populaire" est incorrecte. En effet, il y avait peut-être environ quinze à vingt spécimens obtenus par M. Thielle et quelques-uns ont été envoyés au Dr. Burgess qui a préservé/maintenu au moins 4 individus.

Il faut évaluer ce poisson comme presque impossible à obtenir en raison de son extrême rareté : il n'a été revu (de façon confirmée) qu'une seule autre fois depuis sa découverte et un débat persiste quant à sa classification en tant qu'espèce propre ou hybride...

Note : un projet a été initié sur cette espèce, mieux connue en 2012, et il sera possible d'en obtenir, certainement à prix d'or (une estimation du prix > 1000 €), en 2013-14.

Amphiprion tricinctus

Amphiprion tricinctus Ce poisson-clown Amphiprion tricinctus est un cas tout à fait particulier! En effet, ce n'est ni sa rareté, ni des difficultés de collecte qui oppose une fin de non-recevoir lorsqu'on tente d'obtenir des individus. Car si les structures commerciales existent aux Îles Marshall (pas trop pour l'Europe, mais bien développé pour le continent américain) et, ainsi, on pourrait théoriquement obtenir des exemplaires de Amphiprion tricinctus mais (car il y a un "mais"...), les spécimens exportés sont systématiquement infestés (et sévèrement!) par un parasite : Brooklynella hostilis (protozoaire cilié avec un nom approprié) qui est une véritable catastrophe très contaminante et létale.

Du coup, les collecteurs évite ce poisson comme la peste afin de ne pas propager ce parasite mortel... Il serait évidemment possible de traiter les poissons pêchés pour enrayer (on sait le faire) une quelconque propagation mais le risque est grand même si le prix de ce poisson augmentait en conséquence des surcoûts induits par un traitement spécifique.

Un espoir pour trouver certains de ces poissons-clowns...

Comme on peut le constater, les causes de non-importation sont variées entre la politique, la protection, la maladie, la rareté, etc. Pour certaines espèces, la difficulté de reproduction en ferme d'élevage reste un dernier obstacle !

D'ailleurs, en date du 01/09/2009, il est possible que trouvions prochainement Amphiprion mccullochi dans le commerce suite à des reproductions menées à bien par les Docteurs Forster et Smith depuis la fin 2006.